Un puissant séisme à Agadir et Marrakech fait plus de 1 000 morts et endommage des bâtiments historiques

Un tremblement de terre rare et puissant a frappé Marrakech, Agadir, Essaouira …, précipitant les gens de leur lit dans les rues sombres et renversant les bâtiments des villages montagneux et des villes anciennes qui n’ont pas été construits pour résister à une telle force. Plus de 1 000 personnes ont été tuées et le bilan devrait s’alourdir, les secouristes s’efforçant samedi d’atteindre les zones reculées les plus durement touchées en empruntant des routes jonchées de blocs rocheux.

Le tremblement de terre de magnitude 6,8, le plus important à frapper ce pays d’Afrique du Nord depuis 120 ans, a poussé les habitants à fuir leurs maisons dans la terreur et l’incrédulité, vendredi en fin de journée. Un homme a raconté que de la vaisselle et des tentures ont commencé à pleuvoir et que les gens ont été renversés. L’énormité des destructions est apparue à la lumière du jour.

Le tremblement de terre a fait s’écrouler des murs en pierre et en maçonnerie qui n’étaient pas conçus pour résister aux séismes, recouvrant des communautés entières de décombres et laissant les habitants se frayer un chemin précaire à travers les vestiges. Les sauveteurs ont travaillé toute la nuit pour retrouver des survivants ensevelis dans les ruines poussiéreuses.

Une tente habituellement utilisée pour les fêtes a été érigée pour servir d’abri sur la place de la communauté montagnarde pauvre de Moulay Brahim, où les maisons faites d’argile et de briques ont été en grande partie rendues inhabitables. Des pères sanglotaient dans leur téléphone en racontant à leurs proches la perte de leurs enfants. Des corps recouverts de couvertures gisaient dans le centre de santé situé à côté d’une mosquée, tandis que des médecins retiraient des tessons des pieds des personnes et soignaient des blessures superficielles.

La télévision d’État a montré des personnes regroupées dans les rues du centre historique de Marrakech, d’agadir, et taroudant … craignant de retourner à l’intérieur de bâtiments qui pourraient encore être instables. Beaucoup se sont enveloppés dans des couvertures pour tenter de dormir à l’extérieur.

La célèbre mosquée Koutoubia de Marrakech, construite au XIIe siècle, a été endommagée, mais l’étendue des dégâts n’a pas été précisée dans l’immédiat. Son minaret de 69 mètres est surnommé le “toit de Marrakech”. Des Marocains ont également posté des vidéos montrant les dégâts subis par certaines parties des célèbres murs rouges qui entourent la vieille ville, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Au moins 1 037 personnes sont mortes, principalement à Marrakech et dans cinq provinces proches de l’épicentre du séisme, et 1 204 personnes ont été blessées, a rapporté samedi matin le ministère marocain de l’intérieur. Parmi les blessés, 721 se trouvent dans un état critique.

“Le problème est que là où les tremblements de terre destructeurs sont rares, les bâtiments ne sont tout simplement pas construits de manière suffisamment robuste pour faire face aux fortes secousses du sol, de sorte que beaucoup s’effondrent, entraînant un grand nombre de victimes”, a déclaré Bill McGuire, professeur émérite des risques géophysiques et climatiques à l’University College de Londres.

“Je m’attends à ce que le nombre final de morts atteigne les milliers une fois que l’on en saura plus. Comme pour tout tremblement de terre important, des répliques sont probables, ce qui entraînera de nouvelles victimes et entravera les opérations de recherche et de sauvetage”.

Signe de l’ampleur de la catastrophe, le roi du Maroc Mohammed VI a ordonné aux forces armées de mobiliser des moyens aériens et terrestres, des équipes de recherche et de sauvetage spécialisées et un hôpital de campagne chirurgical, selon un communiqué de l’armée. Cependant, malgré l’afflux d’offres d’aide en provenance du monde entier, le gouvernement marocain n’avait pas formellement demandé d’assistance, une étape nécessaire avant que des équipes de secours extérieures puissent se déployer.

Ayoub Toudite a déclaré qu’il s’entraînait avec des amis dans une salle de sport à Moulay Brahim, qui est creusée dans le flanc d’une montagne au sud de Marrakech, lorsque “nous avons ressenti une énorme secousse, comme si c’était le Jugement dernier”. En dix secondes, tout a disparu.

Les sauveteurs utilisent des marteaux et des haches pour libérer un homme coincé sous un bâtiment de deux étages. Les personnes capables de se glisser dans le minuscule espace lui donnaient de l’eau.

“Nous sommes tous terrifiés à l’idée que cela se reproduise”, a déclaré M. Toudite.

L’épicentre de la secousse de vendredi se trouvait près de la ville d’Ighil, dans la province d’Al Haouz, à environ 70 kilomètres au sud de Marrakech. Al Haouz est connu pour ses villages pittoresques et ses vallées nichées dans le Haut Atlas, ainsi que pour ses villages construits à flanc de montagne.

Abderrahim Ait Daoud, chef de la ville de Talat N’Yaaqoub, a déclaré au site d’information marocain 2M que les autorités s’efforçaient de dégager les routes dans la province d’Al Haouz afin de permettre le passage des ambulances et de l’aide aux populations touchées, mais il a ajouté que les grandes distances entre les villages de montagne signifiaient qu’il faudrait du temps pour connaître l’étendue des dégâts.

L’armée marocaine a déployé des avions, des hélicoptères et des drones, et les services d’urgence ont mobilisé les secours vers les zones les plus touchées, mais les routes menant à la région montagneuse autour de l’épicentre étaient encombrées de véhicules et bloquées par des éboulis, ce qui a ralenti les opérations de sauvetage. Des camions chargés de couvertures, de lits de camp et de matériel d’éclairage tentaient de rejoindre cette région durement touchée, a rapporté l’agence de presse officielle MAP.

Sur les lacets escarpés et sinueux reliant Marrakech à Al Haouz, les ambulances, sirènes hurlantes et voitures klaxonnantes, ont contourné des amas de rochers rouges semblables à ceux de Mars, qui avaient dégringolé du flanc de la montagne et bloqué la route. Des employés de la Croix-Rouge tentent de dégager un rocher qui bloque l’autoroute à deux voies.

Les dirigeants du monde entier ont proposé d’envoyer de l’aide ou des équipes de secours alors que les condoléances affluaient des pays d’Europe, du Moyen-Orient et du sommet du Groupe des 20 en Inde. Le président de la Turquie, qui a perdu des dizaines de milliers de personnes lors d’un violent tremblement de terre au début de l’année, a été l’un de ceux qui ont proposé de l’aide.

La France et l’Allemagne, qui comptent d’importantes populations d’origine marocaine, ont également proposé leur aide, et les dirigeants de l’Ukraine et de la Russie ont exprimé leur soutien aux Marocains.

Le U.S. Geological Survey a déclaré que le tremblement de terre avait une magnitude préliminaire de 6,8 lorsqu’il s’est produit à 23h11 (2211 GMT), avec des secousses qui ont duré plusieurs secondes. L’agence américaine a indiqué qu’une réplique de magnitude 4,9 s’est produite 19 minutes plus tard. La collision des plaques tectoniques africaine et eurasienne s’est produite à une profondeur relativement faible, ce qui rend les tremblements de terre plus dangereux.

Les tremblements de terre sont relativement rares en Afrique du Nord. Lahcen Mhanni, chef du département de surveillance sismique et d’alerte à l’Institut national de géophysique, a déclaré à 2M TV que ce tremblement de terre était le plus fort jamais enregistré dans la région.

En 1960, une secousse de magnitude 5,8 a frappé près de la ville marocaine d’Agadir et a causé des milliers de morts. Ce tremblement de terre a entraîné une modification des règles de construction au Maroc, mais de nombreux bâtiments, en particulier les maisons rurales, ne sont pas construits pour résister à de telles secousses.

En 2004, un tremblement de terre d’une magnitude de 6,4 près de la ville côtière méditerranéenne d’Al Hoceima a fait plus de 600 morts.

Le séisme de vendredi a été ressenti jusqu’au Portugal et en Algérie, selon l’Institut portugais de la mer et de l’atmosphère et l’agence algérienne de la défense civile, qui supervise les interventions d’urgence.

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